Loguivy-de-la-Mer

En venant de la Pointe de l'Arcouest pour vous diriger vers Loguivy-de-la-Mer, remontez vers le plateau de Rohou. Ce site protégé vous permettra de jeter un dernier coup d'oeil vers les côtes se dessinant de la Pointe de la Trinité en Ploubazlanec jusqu'à celles de Bréhat et, à l'ouest, le littoral de Lanmodez menant au sillon de Talbert. En redescendant vers la mer, à l'ouest, vous longerez Cornec, site remarquable formé durant la période périglaciaire en double tombolo faits de rochers reliés au rivage par des cordons de galets. Le chou marin y est roi mais aussi une autre plante pouvant surprendre par sa présence : la cotula coronopifolia. Buisson vert aux feuilles étroites et pointues rehaussé de fleurs jaunes, se développant au bord de la lagune, cette plante est d'origine sud-africaine ! Elle s'est acclimatée ici après avoir été introduite et plantée, par quelque marin amateur de fleurs exotiques de retour de voyage, dans une jardin bordant le fond de l'estuaire du Trieux, à la fin du 19ème siècle.

embouchure du Trieux, Loguivy

Le sentier continue ensuite vers Lanvras, où le panorama se renouvelle, de Bréhat au sillon de Talbert, laissant deviner les eaux tumultueuses de l'embouchure du Trieux. Plus loin, vous longerez l'anse de Gouern, ancien marais gagné sur la mer dont l'estran est le refuge et le terrain de chasse des aigrettes, bernaches et autres goélands. Enfin, après avoir coupé le Beg an Enez, la Pointe de Gouern, vous descendrez vers le port de Loguivy.

Loguivy-de-la-Mer est le port des peintres et le rendez-vous des amoureux d'atmosphère typiquement maritime. Les pêcheurs qui ont bâti le village vivent essentiellement d'un métier encore pratiqué à l'ancienne, ne détruisant pas les fonds marins où ils puisent leurs ressources. Ici, point de dragues (sauf pour la coquille ...) ou filets dérivants mais casiers ou lignes à mains sont les outils d'un métier respectant les traditions. Une vingtaine de bateaux pratiquent une pêche polyvalente, au gré des saisons : coquillages, crustacés et poissons.

C'est la capitale du "bleu de Loguivy" : le véritable homard breton ! Cette mentalité et, sans doute, un climat d'une singulière douceur font de ses habitants des gens particulièrement chaleureux.

port de Loguivy port de Loguivy

En 1690, déjà, une trentaine de canots appartenant aux ligneurs, caseyeurs et goémonniers s'échouaient dans la petite crique. Deux siècles plus tard, 80 embarcations gréées en sloops ou flambarts de trois à vingt tonneaux embarquaient 200 pêcheurs vivant d'une activité ayant pris une ampleur bien au delà des côtes de Loguivy. Au milieu du 19ème siècle et jusqu'en 1920, nombreux étaient les Loguiviens partant avec femme et enfants vers l'île de Sein et Molène. Ils y pêchaient essentiellement le homard, restant sur place pendant une saison de six mois. En 1903, les pêcheurs de Porz Even ramènent des Roches Douvres un véritable pactole et la nouvelle parviendra rapidement à Loguivy. La découverte de gisements de ces crustacés, mais de langoustes aussi, dans les parages du phare, provoquera la construction de nouveaux bateaux plus grands et plus rapides (appelés bocqs) qui croiseront désormais sur ses hauts fonds. Cette pêche intensive et dévastatrice ne pouvait durer qu'un temps et bientôt, la flotte des caseyeurs se réduisit notablement. Plus discrète aujourd'hui, la communauté des pêcheurs de Loguivy poursuit toutefois une activité principalement tournée vers la coquille Saint-Jacques mais aussi vers le homard et l'araignée. L'ostréiculture est également devenue, dans une moindre mesure, un des débouchés commerciaux du port.

Blotti au fond d'une petite crique bordant l'embouchure du Trieux, il est bien protégé des vents d'Ouest qui soufflent puissamment dans la région. Devant la passe qui le sépare de l'estuaire, la flotille de pêcheurs ancre maintenant ses bateaux parmi celle des plaisanciers, tachetant ainsi de couleurs une eau d'un bleu soutenu.

église de Loguivy

A deux pas de la crique, sur une petite esplanade, la nouvelle église de Loguivy peut surprendre par son modernisme. Elle est l'aboutissement d'un mouvement architectural nouveau, le Seiz Breur, qui disparut en 1947. L'église fut édifiée en deux ans, de 1938 à 1939. Toute de granit rose provenant de Trégastel, elle tranche harmonieusement sur un ciel ... presque toujours bleu.

calvaire de l'église de Loguivy

Tournant totalement le dos à l'architecture traditionnelle, cette réalisation se caractérise par des lignes droites et des angles vifs, gardant toutefois une certaine finesse grâce à un allongement des fenêtres et des contreforts se voulant discrets. Toute forme arrondie a disparu, même dans le porche dont l'aspect massif est adouci par la naissance d'une flèche effilée menant à un clocheton à trois cloches, à ciel ouvert.

Sa sévérité apparente est tempérée par la présence d'un calvaire datant d'un autre âge, celui de l'ancienne chapelle de Loguivy.

Ce village attachant a, par ailleurs, une histoire remontant bien loin dans le temps. Les traces de ses origines ont essentiellement été trouvées sur ses hauteurs. Longez la petite digue qui borde le port puis quelques villas faisant face à la mer ou remontez les ruelles qui serpentent sur la falaise dominant le port à l'Ouest : vous finirez par découvrir un sentier menant à la Roche aux Oiseaux. C'est là, et dans les campagnes environnantes, qu'elles furent découvertes.


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