Loguivy-de-la-Mer, la Roche aux Oiseaux

Roc'h an Evned en breton, La Roche aux Oiseaux, entourée d'arbousiers, l'arbre aux fraises d'origine méditerranéenne, est probablement le premier lieu d'établissement de l'homme sur le territoire de Loguivy. Ancien éperon barré, il a incité les archéologues à des fouilles approfondies afin de tenter de connaître son histoire. Dès le paléolithique, puis au néolithique, ce site et ses abords ont hébergé certains de nos ancêtres. Cinquante mille ans avant notre ère, ils y ont taillé la pierre afin de chasser, de pêcher, voire de se défendre contre les prédateurs. Les pierres taillées exhumées ici, principalement des bifaces extraits de la roche locale, le microgranite, en sont les traces irréfutables.

embouchure du Trieux, Loguivy

Ils ont sans doute choisi ce promontoire afin de se protéger car il est un observatoire exceptionnel sur l'embouchure du Trieux qui, à cette époque, s'enfonçait bien plus loin vers le nord. Les îles et rochers aujourd'hui entourés par les eaux, accessibles à pied sec, faisaient alors partie de leurs terrains de chasse. Ils ont ensuite appris la culture et l'élevage et se sont établis sur les plateaux, laissant ça et là des mégalithes pour la postérité ... La plupart de ces pierres levées ou couchées ont disparu.

Ici, le paysage y est grandiose !

estuaire du Trieux, Loguivy

Debout sur les rochers de Roc'h an Evned, vous aurez l'impression d'être le maître d'un monde où tout est à votre portée. Surplombant l'estuaire de la vallée du Trieux qui, à cet endroit, prend toute son ampleur, vos yeux pourront en balayer le cours jusqu'à perte de vue. Au nord, il se perd dans la Manche après avoir léché les côtes de Bréhat et isolé l'île Modez. Au sud, alternant falaises et criques, il remonte jusqu'à Lézardrieux dont le clocher de l'église se hisse au dessus des arbres, tel un amer. En face, au delà de la petite île qui abrita un poste de douaniers, la colline de Kermouster descend vers la plage menant à l'île à Bois. Plus loin encore, la chaussée blanche du sillon de Talbert semble être un mirage. A droite, les bateaux ancrés face à Loguivy paraissent tout petits, se balançant au gré d'une houle qui, à tout moment peut se transformer en un courant tumultueux se déversant dans la vallée.

Face à la mer, vous pourrez vous emplir d'un air vivifiant où les senteurs marines se mêleront à celles des pins, cyprès et ajoncs s'accrochant à la falaise. Les couchers de soleil y sont d'une rare intensité et, le soir venu, l'abri offert par la végétation généreuse face à un tel spectacle en fait le rendez-vous de nombreux amoureux.

estuaire du Trieux, Loguivy

Jusqu'au milieu du 20ème siècle, les eaux du Trieux abondaient en truites et saumons. Les pêcheurs du dimanche s'y donnaient rendez-vous, venant en famille, pique-niquant au bord de l'eau en groupes joyeux et parfois bruyants ... dont les rires ont aujourd'hui disparu ... L'agriculture et l'élevage intensifs ont, ici aussi, déversé leurs polluants et fait disparaître un poisson qui était pourtant là depuis plus de cent mille ans !

Les tables des ostréiculteurs les ont remplacé et, moins exigeante en qualité d'eau, l'huître est devenue la nouvelle richesse des riverains.

allée couverte du Melus, Loguivy

Il est temps, maintenant, de quitter cet Eden : dans les campagnes défrichées pour installer des cultures, des ancêtres plus proches de nous ont marqué leur passage, eux aussi. Oubliée, ignorée, désolée jusqu'en 2003, envahie par les ronces et les herbes folles, partiellement écroulée, l'allée couverte de Melus a réssuscité ... grâce à son intérêt touristique. Les abords ont été aménagés, les pierres écroulées ont été réalignées, développant un monument de plus de 14 mètres, et un chemin a maintenant été tracé. Cette allée couverte, dont l'age incertain se situe entre 2000 et 5000 ans avant notre ère, recelait des armes et outils de pierre taillée ainsi que des restes de poterie.

Le village de Loguivy-de-la-Mer fut fondé, lui aussi, par un moine venant d'outre-manche. Ivy, c'était son nom, débarqua sur ces côtes vers le 5ème siècle et y fonda une petite communauté. La culture se développa au cours du millénaire qui suivit, les pêcheurs devenant un peu agriculteur, un peu éleveur grâce à une terre fertile. Du 17ème au 18ème siècle, la culture du lin fut un nouveau débouché, aujourd'hui disparu. L'ostréiculture du 19ème siècle a également laissé un témoignage peu commun : un four à chaux. Abandonné, ruiné, cet atelier disposait d'une matière première abondante, au ras de l'eau : la coquille d'huître, dont les gisements sauvages abondaient dans l'estuaire ! Vous l'aurez aperçu, peut-être, non loin d'ici, en venant de la Roche aux Oiseaux.

Village au territoire définitivement tracé en 1945, dépendant d'une des plus vastes communes côtières du nord de la Bretagne, Loguivy se tourne désormais progressivement vers un tourisme de passage, préservant un patrimoine naturel d'une richesse peu commune.


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