Port-à-la-Duc

Vous serez obligé de descendre jusqu'à Port-à-la Duc pour entrer dans le pays de Fréhel.

Si vous passez par là avant les premières chaleurs, votre périple ne vous laissera pas de mauvais souvenir. Si le soleil a déjà fait son oeuvre, vous risquez malheureusement de ne pas vouloir vous y attarder : l'odeur nauséabonde des algues nitratées pourrissant au soleil vous fera passer votre chemin. Il en est ainsi de beaucoup de visiteurs qui, venant de Saint-Cast et passant par Saint-Germain-de-la-Mer, hameau tranquille au milieu des landes, descendent au fond de la baie lorsque la marée est basse ... pour la fuir bien vite. Les assassins de la mer et de l'eau, agricultueurs et éleveurs sans scrupules, polluent impunément depuis plusieurs années une côte qui ne mérite pas cela ...


pont de Port-à-la-Duc

La traversée du Frémur était assurée par un bac, jusqu'en 1844, année où fut construit le pont actuel. Il sera doublé par une voie de chemin de fer où un petit train départemental desservira notamment, à partir de 1924, les communes de Fréhel à Matignon. Il ne fera entendre le sifflet de sa locomotive que pendant un quart de siècle, faute de voyageurs, ceux-ci préférant emprunter la route.



Port-à-la-Duc, appélée encore par les anciens Port Aradur, fut une terre de templiers. Ils y édifièrent une aumônerie au 12ème siècle.

maison templière, Port-à-la-Duc

Quelques maisons construites sur la route menant du pont vers Crissouët, village érigé sur la Pointe du même nom, conservent des fondations datant de cette époque. Elles étaient alors bordées d'un quai en bois permettant l'accostage des bateaux, à marée haute. Il y fut ajouté, en 1829, une petite jetée en granit mais, exigu et peu pratique, noyé par les eaux lors des grandes marées puis devenant impraticable en raison de l'ensablement gagnant la baie, il fut remplacé peu de temps après par de nouvelles installations, bien plus importantes, à Port-Nieux, un peu plus en aval dans la baie. Les caboteurs de la côte s'y réfugiaient en cas de gros temps mais l'essentiel de l'activité était assuré par des embarcations jaugeant jusqu'à 30 tonneaux. Ces dernières assuraient principalement le transport du blé (les moulins étaient rares dans la région) mais aussi du bois et du cidre destinés aux habitants de Saint-Malo. Le port cessera définitivement toute activité commerciale au milieu du 19ème siècle, l'ensablement devenant trop important, ne permettant plus que l'accostage de petites unités.

Le Frémur a creusé ici son estuaire, dans une baie d'où sont extraits les meilleurs fruits du pays : les fruits de la mer ! Peut-être y goûterez-vous avant de reprendre la petite route longeant la rive en direction de Port Nieux.

baie de la Fresnaye vers Port-à-la-Duc

Le viaduc de Port-Nieux, ouvrage faisant partie de la ligne de chemin de fer longeant le pont de Port-à-la-Duc, faisait 207 mètres de longueur. Vous pourrez en voir quelques vestiges en ruines derrière la maison bordant la route, peut avant d'arriver au port. La ligne contruite à flanc de falaise reposait sur des terres dont la stabilité fut mise à rude épreuve en 1929. Cette année-là, une inondation touchant toute la région fit s'effondrer la voie au passage du train. La locomotive rompit heureusement son attelage et fit une chute d'une vingtaine de mètres, emportant avec elle son chauffeur, seule victime de l'accident.

Ce petit port aujourd'hui oublié ne s'éveille, à peine, que lors des beaux jours où quelque plaisancier s'y échoue, bien malgré lui. La très faible déclivité de la baie est propice à de telles mésaventures mais aussi à l'élevage de certains coquillages. Ceux-ci sont élevés par quelques conchyliculteurs ayant établi leurs ateliers un peu plus loin, en direction de Port Saint-Géran

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