Tréguier, cité épiscopale

Les ruines du pont sur le Jaudy, Tréguier

Tréguier se blottit sur la colline, dans une courbe située presqu'au fond de l'aber (vallée, en langue celte) du Jaudy, à une douzaine de kilomètres de la pleine mer.


Tugdual, un des nombreux moines gallois fuyant leur patrie ravagée par les pillages, arriva en l'an 535 à l'antique Tric'Horn (trois angles, en breton). L'origine de ce nom vient des cours d'eau, le Jaudy et le Guindy, qui se rejoignent à Tréguier pour former la rivière qui en porte le nom. Bretonne jusqu'aux confins de son histoire et de ses légendes, la fondation de la cité est déjà l'aboutissement d'une première légende qui veut que Tugdual, pour y fonder son monastère, dût d'abord chasser le dragon qui hantait la région. Son aura était telle que l'épiscopat dont il fut l'initiateur devint l'un des centres religieux les plus en vue de la Bretagne. Guirec et Briac furent de ses disciples et fondirent à leur tour d'autre cités sur la côte : Perros-Guirec et Saint-Briac.

Nominoé, roi de Bretagne, en fait en 848 un évèché séculier.

Située sur les hauteurs, la ville constituait un centre névralgique que les envahisseurs normands ne se firent pas défaut d'attaquer. Après l'avoir conquise et détruite, au 9ème siècle, il fortifièrent la place mais il ne reste que peu de vestiges de cette époque.

Un nommé Gratien, ne trouvant plus que ronces, gravats et ruines sur l'emplacement de l'ancienne cité abandonnée par ses habitants, entreprit d'en relever la cathédrale en l'an 970. Il ne reste de cet édifice dédié à Saint-Tugdual qu'une tour, nommée tour Hasting. L'origine de ce nom est inconnue ...

Un autre écclésiastique est à l'origine de la renommée de la ville : Yves, le saint patron des avocats, né en 1253 à Minihy, défenseur des pauvres contre la puissance des riches.

cathédrale de Tréguier cathédrale de Tréguier

La cathédrale actuelle, également édifiée à la gloire de Saint-Tugdual (qui fut canonisé en 1347) est un chef-d'oeuvre où la froideur du matériau utilisé, le granit, le dispute à la légèreté d'une architecture où la finalité religieuse est fortement ancrée : une forme de croix latine de 75 mètres sur 17,45 mètres qui coiffe une voûte de 18 mètres de hauteur que domine une flèche d'une finesse extrême culminant à 63 mètres. Si le corps de l'église fut érigé à partir de 1339 au long du 14ème et 15ème siècle, le clocher actuel a pris la place de l'ancien au 18ème siècle.

La flèche a été restaurée en 2002.


cathédrale de Tréguier

Le style gothique typiquement breton qui caractérise l'édifice est enrichi d'orgues du 17ème siècle, de 46 stalles d'inspiration renaissance du 16ème siècle et d'un cloître gothique rayonnant formé de galeries ouvertes sur 46 arcades. Ce dernier, construit de 1450 à 1479 abrite le tombeau de plusieurs défenseurs et religieux de la cité épiscopale, dont Jean V, duc de Bretagne et Saint-Yves de Kermartin, patron des avocats.




L'histoire de la ville est liée aux guerres de la Ligue qui ravagèrent le Trégor au 16ème siècle. Elle fut pillée à plusieurs reprises et l'alliance des Ligueurs et des troupes espagnoles aboutit à son incendie en 1592. La Révolution poursuivit la lente agonie d'une cité qui perdit son titre d'évêché par décret du 14 décembre 1789.


Centre culturel dont le rayonnement allait au-delà de la Bretagne, Tréguier attira de nombreux intellectuels. Ernest Renan en fut sans doute l'un des plus illustres représentants.

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