Saint-Quay Portrieux, suite


moulin Saint-Michel, Saint-Quay Portrieux

Les terres de Saint-Quay Portrieux ont, en effet, également contribué au développement de cette petite ville. Les fermes disséminées sur les hauteurs produisaient les céréales nécessaires à sa subsistance et celle des marins partant pour les campagnes.

Les ruisseaux alimentaient en énergie des moulins à eaux, un peu partout dans le pays. Certains étés secs assèchant ceux-ci, il fallut trouver d'autres moyens. C'est ainsi que, comme tout au long de cette côte balayée par les vents, plusieurs moulins furent construits sur les hauteurs.

L'un d'entre eux, le moulin Saint-Michel, a provoqué l'engouement de quelques passionnés réunis en association. Il était autrefois le complément du moulin Roland dans la vallée de Gâcon. Construit à l'origine en 1875, il cessa déjà de fonctionner en 1910. Il fut restauré à partir de 1971 et, afin d'en maintenir l'authenticité, une partie de l'appareillage du moulin de Kertugal fut récupéré, ce qui permit de remettre le Saint-Michel en état, tel qu'à l'origine.

Plusieurs manoirs parsèment le territoire de Saint-Quay, notamment Le Minihy (1536), le Tertre à Kertugal (1448), les Fontaines (1483) ou encore celui de la rue Louais, fondé en 1528.

chapelle de Kertugal, Saint-Quay Portrieux

Au gré de vos pas, vous découvrirez sans doute la chapelle du Portrieux reconstruite en 1770 mais dont l'origine remonte au début du 15ème siècle, celle de Kertugal, rotonde de près de 13 mètres érigée en 1828 ou la ferme de Ville-Mario. Ce bâtiment était autrefois fortifié, comportant douves et pont-levis, connu sous le nom de château du Ruello. Construit au 14ème siècle par les seigneurs de Grandbois, Roche Jagu et Ville Mario, il ne subsiste du château que quelques pans de murs. Il fut le théâtre d'un combat meurtrier entre bleus et chouans, à l'instigation des nobles régnant sur la région, le 4 mars 1795 : ces derniers voulaient empêcher la démolition du château, décretée par la Convention. Ce château servait de quartier général de résistance à la République, important armes et munitions d'Angleterre. Attendant l'arrivée de navires anglais, les nobles mirent sur pied une troupe de 200 paysans afin de décharger ceux-ci. Les anglais ratèrent le rendez-vous ... mais pas les républicains, prévenus et prêts à en découdre. Ce furent les paysans qui payèrent le prix d'une bataille à laquelle ils n'étaient pas préparés, ni en armes, ni en nombre suffisant : 64 d'entre eux y laissèrent la vie. Lorsque les navires anglais mouillèrent au large de Plouha, deux semaines plus tard, plus personne ne les attendait ...

Revenez maintenant vers la côte ...

La cité connut de la fin du 18ème jusqu'au milieu du 19ème siècle les éclats d'une guerre larvée opposant une Comtesse (la comtesse des Thuilais) irascible et vindicative aux maires successifs.

plage et île de la Comtesse, Saint-Quay Portrieux

Considérée comme une forteresse imprenable par ses pairs, elle régnait en maîtresse femme sur l'île qui porte son nom, allant même jusqu'à s'y octroyer le droit de justice !

Après sa mort, le parfumeur Rimmel racheta l'île et y cultiva des essences rares pour créer ses fragrances. En 1872, ce fut un nouveau riche original qui en devint propriétaire. Voulant en faire un domaine de prestige, il y fit construire un manoir ... qui ne fut jamais achevé, faute d'argent, sans doute. Laissé à l'abandon, ce lopin de terre sur lequel il ne reste que quelques murs branlants envahis par les brousailles fut racheté en 1975 par la municipalité de Saint-Quay Portrieux.

Déjà avant cette époque, en 1845, le premier hôtel fut bâti dans la cité, suivant en cela un engouement initié dès 1841 par deux touristes gingampaises en mal de cure de bains de mer ...

pointe du sémaphore, Saint-Quay Portrieux

Afin de prévenir toute invasion ennemie, les Romains avaient déjà installé une tour de guet sur la Pointe du Sémaphore. Idéalement placé en un endroit où la côte peut être surveillée sur des dizaines de lieues, devenu par la suite "cabane" de douanier, cet édifice disparut au début du 18ème siècle. Un premier sémaphore sera contruit en 1860 et le bâtiment actuel verra le jour en 1986. D'ici, à une hauteur de 100 mètres au dessus du niveau de la mer, toute la baie de Saint-Brieuc se découvre au regard. Par temps clair, la vue porte à près de 180 degrés du Cap d'Erquy jusqu'à l'archipel de Bréhat.

Le sentier des douaniers venant d'Etables-sur-Mer permet de découvrir une succession de plages enserrées au fond de petites criques, faisant face aux Roches dites de Saint-Quay,  longeant une rade où, un peu plus au large, les courants laissent libre cours à la fantaisie des régatiers.

plage du casino, Saint-Quay Portrieux


La plage du casino et le bassin d'eau de mer qui fait la joie de ceux qui n'ont pas le courage de descendre jusqu'à l'eau lorsque la marée est basse ... et que la température y est plus fraîche !

Ceinturée par une promenade en terrasse, elle est baignée par un soleil digne du Midi.


La fontaine Saint-Quay, située près de la grève de l'Isnain où débarqua Saint-Ké, jouit d'une réputation de vertus miraculeuses, guérissant les blessures comme elle le fit avec le protecteur de la cité ... Celle que vous verrez, si vos pas vous y conduisent, construite en 1862, remplace l'ancienne fontaine édifiée en 1580 et tombée en ruines. Cette dernière fut payée à l'époque 4 livres et 8 sous.

les îles de Saint-Quay Portrieux

Si vous avez la chance de passer là un jour de grande marée, lancez-vous à l'assaut des multiples crevasses qui parsèment le plateau rocheux des îles Saint-Quay : sur plusieurs dizaines d'hectares, crabes, palourdes, huîtres, amandes et autres crevettes pourront garnir une bourriche qui se déversera, le soir venu, sur une tablée de joyeux convives !


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