Pleumeur-Bodou

Pleumeur-Bodou fut dans le passé un immense territoire comportant aussi des villages devenus aujourd'hui indépendants : Perros-Guirec, Saint-Quay-Perros, Trébeurden, Trégastel et même une partie de Lannion. "Grande paroisse de Bodou" tire son origine de l'ancien nom "Plebe Magna Podou" qui fut fondée, selon la légende, par un moine venu de la "Grande Ile" au 6ème siècle : Podou ou Bodou.

église Saint-Pierre, Pleumeur-Bodou

La paroisse de Pleumeur-Bodou est fort ancienne, existant déjà depuis 1330. C'est le 22 février 1790 que la commune élira sa première municipalité et le 1er décembre 1888 elle marquera ses limites territoriales actuelles, annexant alors Toul-es-Tam, son prolongement maritime connu sous le nom d'Ile-Grande.

L'église Saint-Pierre vit poser sa première pierre le 10 juin 1844. Elle a été bâtie sur les ruines d'un ancien lieu de culte dont elle aura hérité des deux sacristies et des pierres maîtresses des piliers de la nef. Elle ne se verra coiffée de son clocher actuel qu'en 1870.

Hormis les vestiges préhistoriques nombreux que compte le village, son patrimoine religieux est relativement limité. Il comporte essentiellement 4 édifices d'importance dont le plus récent, la chapelle de Kerduel construite au 17ème siècle, faisait partie du domaine du château portant le même nom.

chapelle de Saint-Uzec, Pleumeur-Bodou

La chapelle de Saint-Uzec vit ses premières pierres scellées au 16ème siècle. Edifiée sur un rocher imposant que le visiteur ne soupçonne pas car recouvert d'une esplanade herbeuse, elle fut partiellement détruite par la foudre en 1974. Précédée d'un calvaire de la même époque, elle jouxte aussi une fontaine à laquelle une légende attribue des vertus auxquelles les populations croyaient déjà en des temps reculés, bien avant l'avènement de la chrétienté. Les croyances ancestrales n'ont pas totalement disparu et les saints qui ont remplacé les divinités anciennes ont perpétué une forme d'espérance qui avait encore cours il y a peu. La fontaine de Saint-Uzec faisait jaillir une eau qui avait la faculté d'augmenter le volume de lait que pouvait produire une truie ayant mis bas ... et les éleveurs venaient en puiser l'eau dès la naissance des porcelets.

chapelle Saint-Samson, Pleumeur-Bodou

La chapelle de Saint-Samson est certainement la plus belle du village et se donne des allures d'église, non seulement par sa taille mais aussi par son architecture. Située à l'autre bout du village, presqu'aux limites de Tregastel, elle paraît perdue au milieu des campagnes, bien loin de toute habitation. Ce bel édifice a été édifié entre 1575 et 1631 à quelques pas d'un menhir qui sera planté plus tard dans l'axe de la nef, devant le porche principal. Aux yeux d'une population pourtant christianisée, il gardera longtemps des vertus légendaires. Celles-ci attiraient les épouses en mal de progéniture qui, à son contact, devenaient miraculeusement fécondes ... D'autres, hommes ou femmes, voyaient leurs maux de dos ou de reins disparaître comme par enchantement en se frottant à la pierre magique !

Les coutumes liées à ces anciennes croyances païennes n'ont disparu progressivement qu'au milieu de 20ème siècle, tant elles étaient ancrées dans l'imagination populaire.

fontaine Saint-Samson, Pleumeur-Bodou

La fontaine de la chapelle n'était pas en reste grâce à son eau à laquelle la croyance populaire attribuait des pouvoirs de guérison. Elle avait la vertu de soigner les maux d'yeux et de faciliter l'apprentissage à la marche des enfants. Toute en simplicité et dénuée d'ornements particuliers, elle fut construite en 1632.

La chapelle de Saint-Samson fut restaurée au 19ème siècle. Flanquée d'une tourelle d'escalier accrochée au clocher-mur surmontée d'une balustrade, elle est un des témoins d'une architecture typique de la région lannionnaise, le style Beaumanoir. Un porche latéral sculpté et quelques gargouilles grimaçantes sont les principaux témoins de l'ancienneté d'une chapelle que bien peu de visiteurs arrivent à dénicher, cachée dans un écrin de verdure fait de landes et de bois. C'est à deux pas du château de Kerduel, loin dans les terres, que se situe le cinquième édifice religieux du village, la chapelle Saint-Antoine.

Pleumeur-Bodou fut de tous temps un territoire où les habitants tiraient essentiellement leur subsistance de l'exploitation de la terre. C'est ainsi que l'on retrouve dans ses campagnes de nombreuses fermes dont les plus anciennes remontent au 16ème siècle. Ruzicut, à Kerduel, fut un manoir édifié au 18ème siècle avant d'être transformé en exploitation agricole mais la plus ancienne est sans doute celle de Saint-Antoine, datant de 1580. Gueradur-Bras (16ème siècle), Gueradur-Bihan (tout début du 17ème siècle), Pors-ar-Lann (1633), Saint-Samson (qui fut également un manoir à l'origine, construit en 1639 et possédant une crèche plus ancienne encore, datant de 1621), Kernéan (17ème siècle), Kercadou (également manoir à l'origine de sa construction, au 17ème siècle), Mez-an-Ney (1760), Parc-ar-Marec (construite en 1786 et intégrant une grange de 1634), Saint-Uzec (18ème siècle) sont autant de noms attachés au développement d'un bourg qui ne s'ouvrira que beaucoup plus tard sur la mer, grâce à l'annexion d'Ile-Grande. Quelques vestiges d'anciennes constructions demeurent encore parmi des édifices plus récents tels Kerreliès (dotée d'une crèche de 1659) ou encore Boutill possédant des vestiges datés de 1723. Pour transformer les céréales cultivées dans les campagnes, 7 moulins seront construits sur le territoire de Pleumeur-Bodou, dont 4 seront mûs par la force des eaux.

radôme du centre de télécommunications de Pleumeur-Bodou

Avant de vous en retourner vers la mer, scrutez l'horizon à mi-chemin du village et de la côte. Sans doute apercevrez-vous le sommet de ce qui vous paraîtra, de loin, un énorme ballon blanc : le radôme. Précurseur de l'ère des télécommunications spatiales, ce centre technique d'avant-garde entrera en fonction en 1962 mais, rapidement dépassé par les techniques de pointe, il cessera son activité en 1985 puis sera transformé en musée. Ici, le contraste est surprenant : les temps modernes et anciens se côtoient au milieu d'une végétation abritant un des lieux les plus étonnants des côtes du Trégor. A deux pas d'ici, en effet, un village gaulois, héritant des techniques ancestrales, a été patiemment reconstitué au cours des années, sous l'impulsion d'une population cherchant, sans doute, à retrouver une partie de ses racines ...

Après cette découverte, les senteurs du large et l'attrait des rives sauvages vous inviteront à reprendre votre périple par le sentier des douaniers ...

grèves d'Ile-Grande et Pointe de Toul-ar-Staon, Pleumeur-Bodou

Non loin de Prajou Menhir (7 dalles de couverture sur une longueur de 14,5 mètres), autre allée couverte bordant la côte déchiquetée, il vous mènera à ce qui est devenu au cours des millénaires un île à peine séparée du continent par un passage étroit : Ile Grande.

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