Après un dernier détour, sous le château de Barbe Brulée, c'est l'Ile des Landes qui s'étire vers le large, parallèle à la Pointe qui se cache encore. La falaise abrupte abrite une dernière petite plage dont le sable n'apparaît qu'à marée basse. De part et d'autre de celle-ci, des postes de pêche réputés attendent l'amateur ...
En suivant le sentier qui longe un village de tentes puis se creuse dans une végétation envahissante, vous allez pouvoir découvrir progressivement un site d'une rare beauté. Vous y verrez la violence des courants qui s'engouffrent dans la passe entre le Grouin et l'île.
Aux grandes marées, le spectacle est impressionnant !
Nommée Chenal de la Vieille Rivière, cette passe est le domaine privilégié de bancs de bars qui montent et descendent, chassant des proies entraînées par la puissance du flux et du reflux.
En remontant sur la crête de la falaise, vous pourrez suivre les manoeuvres des embarcations qui tentent de s'y faufiler.
C'est d'ici aussi que vous embrasserez d'un regard circulaire le premier des grands décors que vous offriront les côtes du nord de l'Armorique. Observatoire tout à la fois impressionnant et magique, la Pointe du Grouin est le théâtre des plus grandes marées d'Europe. Les marnages y atteignent une hauteur de plus de 13 mètres !
Au bout du bout, à l'extrémité de cette langue hérissée de cailloux qui se déversent dans la mer, la Pointe du Grouin se dévoile enfin :
..... découvrant l'aridité de rochers qui se décharnent depuis des siècles sous la violence des vents qui la
balayent.
Dressés tels des menhirs, ils semblent vouloir dire qu'en cet endroit commence la Bretagne, sa nature sauvage,
mais aussi ses légendes et son histoire ...
En face, le phare de la Pierre de Herpin veille car la côte, à cet endroit, est particulièrement dangereuse.
Installez vous un moment, ou plus longtemps encore, sur les pentes fleuries qui font
face à l'île des Landes.
Cette réserve ornithologique protégée forme avec la Pointe du Grouin le premier des paysages grandioses que vous découvrirez en suivant le chemin des douaniers qui longe les côtes. Si l'île des Landes est aujourd'hui paisible et ne retentit que du cri des oiseaux, son sol fut foulé, il y a bien longtemps déjà, par des hommes qui voulurent en faire un ouvrage défensif. C'est en 1794 que les fondations d'un fort y furent posées. Il fut toutefois rapidement mis un terme à cette construction, le fort des Rimains suffisant à la défense de Cancale.
Aujourd'hui, les oiseaux nicheurs ont définitivement pris possession de rochers leur offrant un abri privilégié. Si le goéland argenté y règne en maître (près de 1000 couples !), il partage le territoire avec le goéland marin et le goéland brun mais aussi le cormoran huppé, le grand cormoran, le tadorne de Belon et quelques rares couples d'huîtriers-pie.
D'ici, vous pourrez découvrir toute la rade de Cancale, la baie du Mont Saint-Michel et le Mont lui-même, se profilant vers les côtes normandes.
Plus loin, vous apercevrez les maisons blanches de Granville et vers le Nord, si le temps est clair, les multiples cailloux des Iles Chausey se profileront peut-être à l'horizon.
Si la fin du jour approche, passez sur le flanc Ouest de la Pointe : si la brume ne s'installe pas, ce qui est fréquent à cet endroit, le spectacle sera grandiose ! L'astre du jour en descendant sur l'horizon transformera la mer en un chaudron argenté, frémissant au gré de la houle et dessinant en ombres chinoises les falaises qui vous attendent pour découvrir, demain, les autres trésors que vous réserve ce beau pays ...